Depuis 2017, Grenoble a à cœur de rendre visible et vivant son patrimoine municipal. 3 minutes pour tout comprendre sur “Gren’ de projet”.
Qu’est-ce “Gren’ de projet” ?
Gren’ de projet est un appel à projet afin que collectifs, entreprises ou simples citoyen-nes imaginent ensembles de nouveaux usages pour le patrimoine immobilier municipal. Logements diversifiés, actions solidaires, circuits courts, coworking, liens intergénérationnels, accès à la culture, etc : les projets doivent être d’utilité publique. Il ne s’agit pas seulement d’une modalité de mise en vente ou en location de certains biens, c’est un état d’esprit, une philosophie : faire la ville sur la ville, une ville intense, d’échanges et d’ouverture, une ville qui mutualise chaque mètre carré vacant, une ville qui met en valeur l’histoire et le patrimoine grenoblois. L’idée a émergé en 2017, et la promesse de bail avec les quatre premiers porteurs de projet a été signée en 2019.
Quels sont les critères de sélection des projets ?
Il y a 3 grands principes qui fondent la philosophie du projet, déclinés en critères de sélection. Ceux-ci sont bien sûr affinés et précisés en fonction de chaque bâtiment et complétés d’un critère financier concernant les offres formulées par les candidat-es afin de disposer de projets solides sur le long terme.
Les 3 principes de Gren’ de projet :
1- proposer un projet de de préservation et de rénovation patrimoniale qui assure la mise en valeur du bâtiment, la pérennité de celui-ci et de ses éléments patrimoniaux.
2 – prévoir une programmation innovante et hybride, qui favorise une mixité des usages et des publics, assurer l’ouverture du lieu au plus grand nombre et de manière pérenne (statut d’Etablissement Recevant du public (ERP) obligatoire sur tout ou partie du bâtiment)
3 – démontrer sa capacité à proposer un projet robuste sur le long terme, à rechercher le cas échéant des financements tiers nécessaires, à proposer des références, compétences et qualifications solides en la matière.
Quels sont les bâtiments concernés ?
Le couvent des Minimes → Minimistan
L’ancien couvent des Minimes est devenu un nouvel espace de vie au sein du quartier Très Cloître : Le Minimistan. C’est un lieu de convivialité autour d’un café/bar et un espace restauration, de travail avec l’espace coworking et des espaces de créations, ateliers, et résidences d’artistes. Cela sera également un lieu de résidence avec un hostel et coliving. Enfin, un lieu ouvert à la culture, au savoir, au partage avec l’accueil de festival, d’artistes, et une université libre.
L’atelier Méliès → Maison de l’éducation à l’image
Construit en 1883, le Pavillon de Bonne formait, avec son voisin, les pavillons d’entrée de la caserne militaire. Projet porté par la Ligue de l’Enseignement de l’Isère en lien avec le cinéma le Méliès, il deviendra un lieu innovant d’éducation à l’image, mêlant création artistique, sensibilisation, formation, exposition, détente, et petite restauration.
L’Orangerie → Grande Saison
Construite en 1865, l’Orangerie est un lieu privilégié pour mettre en place des animations ouvertes à toustes. Le projet de la Grande Saison pour l’Orangerie alliera gastronomie, artisanat, culture et convivialité, en variant les restaurateurs souvent.
La villa Clément
Constitué par 3 associations, l’oiseau Bleu, le Relais Ozanam et la Mutualité française de l’Isère ainsi que le bailleur social Grenoble Habitat, le collectif Villa Clément a développé un projet ayant un double objectif : faire de cette demeure de caractère du XIXe siècle un lieu de rendez-vous pour différentes organisations (culturelles, sociales, agricoles, locatives, professionnelles…), mais aussi un lieu d’accueil pour des personnes en situation de précarité ou d’isolement social.
La Chapelle Voltaire
L’ancienne chapelle des pénitents blancs, dite chapelle de l’Adoration, ou ancienne chapelle Voltaire, constitue un élément remarquable du patrimoine grenoblois du XVIIème siècle. Édifié en 1657, ce bien, qui réunit la chapelle et des locaux est protégé par le « Site Patrimonial Remarquable ». Une partie du mobilier (maître-autel, retable et stalles) bénéficie d’une protection au titre des Monuments Historiques. Il a été ajouté tout récemment au programme Gren’ de projet.
Pourquoi avoir fait ce choix ?
La plupart des villes ont des édifices patrimoniaux remarquables qui sont sous-utilisés. La première ville à avoir innové sur le sujet est Paris, qui a vendu ses bâtiments non utilisés pour qu’ils puissent vivre et être entretenus. Or, s’agissant de patrimoine remarquable, la logique n’est pas de vendre “au plus offrant” mais bien d’étudier chaque projet pour s’assurer que le patrimoine qui forge l’histoire locale soit toujours au service de l’intérêt général. C’est pourquoi Grenoble a décidé d’aller encore plus loin : le bail emphytéotique. Le bail emphytéotique est un bail longue durée qui permet une grande liberté au locataire (travaux, permis de construire, rénovation). Cela permet que la Ville puisse récupérer le bâtiment à la fin du bail (et donc ne pas privatiser le patrimoine municipal), et garde toujours la maîtrise de l’utilisation qui est faite de ses édifices remarquables. C’est également intéressant pour certain-es acteur-rices (notamment structures sociales, environnementales, …) pour qui l’achat de tels bâtiments n’est pas envisageable faute de moyens.
Et maintenant ?
3 des 4 projets initiaux ont pu commencer les travaux, le quatrième ayant son permis de construire, mais l’inflation a causé du retard. Un cinquième projet a vu le jour récemment, celui de la chapelle Voltaire (voir ci-dessus). Pour les 4 projets initiaux, un retour sur expérience va être effectué en 2024 pour améliorer le processus et le pérenniser, et ainsi parfaire l’exemple que constitue Grenoble au niveau national sur la gestion du patrimoine municipal remarquable.