Il est assez rare en France, que la distribution du gaz et d’électricité soit fournie par un service public local. C’est une des fierté grenobloises, pour qui la lutte contre la privatisation des biens communs concerne également l’eau. 3 questions à Vincent Fristot, président de GEG, sur la compagnie du gaz et de l’électricité de Grenoble.
Qu’est-ce que GEG, et en quoi cette compagnie grenobloise est-t-elle si spéciale ?
Vincent Fristot : la SEM (Société d’Économie Mixte) GEG, “Gaz électricité de Grenoble”, a trois fonctions principales :
- la distribution d’énergie : elle gère les réseaux de gaz et d’électricité, avec par exemple l’installation de nouveaux compteurs avec suivi journalier des consommations ;
- la fourniture d’énergie : elle vend à Grenoble mais aussi dans le périmètre de la région Auvergne Rhône Alpes, et même jusqu’à la Tour Eiffel !
- la production d’énergie : elle a un positionnement sur des filières diversifiées de production hydroélectrique, éolienne et photovoltaïque par exemple.
Toujours attentive aux abonné-es, elle les accueille physiquement, y compris pour accompagner les ménages en situation de précarité énergétique (en lien avec les CCAS).
GEG investit aussi dans le biogaz (la production de gaz par la fermentation, à moindre émissions de CO2), à la station d’épuration des eaux de la Métropole au Fontanil-Cornillon. La SEM exerce des activités bénéficiaires et reverse une part de ses résultats financiers à des acteurs comme la Métropole et la Ville de Grenoble.
Quelle est l’histoire de GEG à Grenoble ?
Vincent Fristot : Après la seconde guerre mondiale, la distribution d’électricité a été nationalisée en France. À Grenoble, une compagnie avait été créée en 1874 pour l’éclairage public des rues principales de la ville. En 1903, le service devient public, et géré par la municipalité. Ainsi en 1946, la “Régie du Gaz et de l’Électricité” (RGE) est restée dans la sphère publique de la Ville. C’est en 1986 sous une municipalité Alain Carignon qu’elle est vendue à la Lyonnaise des Eaux, et devient semi-publique. En 2018, 12 services publics municipaux d’électricité ont décidé de rejoindre GEG. Aujourd’hui, cette compagnie est majoritairement publique (elle appartient principalement à la Métropole à 33% et à la Ville à 17%).
Quelle est la politique de GEG sur les énergies renouvelables ?
Vincent Fristot : C’est très important de produire de l’énergie “propre”, sans déchet, en lien avec les collectivités locales. GEG a multiplié sa production par 5 en 10 ans. Elle a investi par ses filiales d’énergie renouvelable pour un total de 150 millions d’euros. L’année dernière, elle a même produit l’équivalent des besoins d’électricité de la population grenobloise sur l’année, c’est considérable. GEG poursuit des partenariats avec d’autres communes ou départements. Toujours à la pointe, GEG a rénové en 2023 son premier parc éolien situé à Rivesaltes, sa production d’énergie a alors augmenté de 30%.