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3 questions sur l’action internationale de la Ville de Grenoble

By 8 février 2024 No Comments

Grenoble entretient des relations avec des villes des quatre coins du monde. Une action internationale et européenne très reconnue pour sa richesse et sa diversité. Les échanges entre Grenoble et ces villes peuvent prendre trois formes différentes : les actions de jumelages, les accords de coopération décentralisée ou les échanges dans le cadre de notre réseau des Villes en transition. Les orientations politiques de ces échanges sont posées par une délibération cadre dont la dernière a été votée en juin 2023. 3 questions à Emmanuel Carroz, adjoint à la Mémoire, au Migrations, aux Coopérations internationales, et à l’Europe, pour tout comprendre sur cette action internationale.

Jumelages, coopération décentralisée… keskecé ?

Emmanuel Carroz : Les jumelages résultent d’accords simples, dont la plupart ont été signés dans les années 1960 et 1970. Ils sont un héritage historique, basé sur des critères variables et peu transparents, qui ne reflètent plus forcément aujourd’hui l’ampleur de l’action internationale et européenne grenobloise, bien plus riche et vaste que cela. De plus, les relations peuvent être mouvantes entre les villes (contexte géopolitique, respect des valeurs fondamentales, …), mais Grenoble n’a jamais mis fin définitivement à un jumelage, car aucune (absence de) relation n’est gravée dans le marbre, elle évolue au gré des contextes politiques.

La coopération décentralisée désigne une relation de coopération plus avancée entre plusieurs collectivités territoriales. Depuis notamment la loi d’orientation de juillet 2014, actualisée en 2021, les collectivités territoriales peuvent exercer, aux termes de l’article L. 1115-5 du code général des collectivités territoriales, une compétence de principe pour « mettre en œuvre ou soutenir toute action internationale annuelle ou pluriannuelle de coopération, d’aide au développement ou à caractère humanitaire », sous réserve du respect des engagements internationaux de la France et des compétences régaliennes de l’État. La Ville négocie, adopte et signe une convention de coopération, pour une durée de 3 ans.

La Ville de Grenoble peut contribuer aux dynamiques locales en mettant en lien les sociétés civiles jumelées, rechercher des mutualisations avec d’autres collectivités locales, créer des conventions et gouvernances spécifiques (comités de pilotage, comités de suivi…), rechercher des financements extérieurs, et développer des échanges mutuellement avantageux.

Quel est l’historique de l’action internationale municipale à Grenoble ?

Emmanuel Carroz : Grenoble bénéficie d’une situation géographique et d’un environnement naturel exceptionnel, dont le potentiel a attiré des populations venues des quatre coins du monde. Ses contraintes physiques et géographiques n’ont pas été un frein à l’échange avec l’extérieur, bien au contraire. Elles ont sans doute amplifié l’envie d’échanger avec celles et ceux qui vivent par-delà nos montagnes. La vitalité des industries du papier et du ciment, l’invention de l’hydroélectricité, pousse au XIXᵉ la ville à accueillir des migrant-es venu-es du sud (Espagne, Grèce, Italie) ou de l’est (Arménie, Russie, Asie du sud-est). Se développent dès 1961 les premiers grands échanges artistiques avec l’étranger, les premiers jumelages, notamment avec les territoires d’origine de cette immigration venue. Les premières coopérations décentralisées ne se développent véritablement qu’à partir de 1995, avec la Palestine, l’Arménie ou le Burkina Faso par exemple.

Grenoble est héritière d’un passé où les Villes n’avaient pas vraiment d’expertise en matière de coopération internationale, et c’est pourquoi elles mettaient notamment en place des comités de jumelages, afin de tisser des liens entre sociétés civiles des Villes de différents pays. Cependant, les volontés politiques pouvaient être multiples, et n’étaient pas clairement édictées.

Depuis la délibération cadre de juin 2023 sur les coopérations internationales et européennes pour 2023-2028, la ligne politique est claire : Transitions, droits humains, hospitalité :

  • Amplifier les transitions environnementales et sociales, en développant des échanges d’expériences sur les transitions avec les territoires partenaires ;
  • Promouvoir les droits humains, en luttant contre les discriminations et les préjugés, en programmant avec les territoires partenaires des actions fortes sur la paix, la résistance et le faire ensemble ;
  • Défendre l’hospitalité inconditionnelle, en l’ancrant notamment dans le projet de la Maison de l’International.

Comment s’organise actuellement la coopération décentralisée de Grenoble ?

Emmanuel Carroz : La coopération décentralisée de Grenoble va bien au-delà de ses 19 coopérations et jumelages. Il s’agit de valoriser et faire se rencontrer différentes cultures pour contribuer, dans une société qui cultive les fragmentations, à faire grandir un “nous”. Par exemple, aujourd’hui, plus de 350 associations sont impliquées dans des projets à l’international.

La Ville de Grenoble agit à l’international à travers de nombreux outils : de ses coopérations entre villes à sa place dans les réseaux, en passant par sa programmation internationale et européenne, elle oeuvre à défendre ses valeurs et les droits humains, au service d’une paix durable et pour des transitions environnementales sociales et environnementales, ici et là-bas.

  • Les jumelages et coopérations décentralisées

Un jumelage ne signifie pas que les municipalités entretiennent des liens institutionnels. C’est une relation simple entre acteurs de deux territoires. La relance récente d’un comité de jumelage de Rehovot n’implique donc aucunement que la Ville de Grenoble reprenne contact avec la Ville de Rehovot, classée à l’extrême droite, et ne partageant pas les valeurs de paix et de solidarité que Grenoble a érigé en condition. La coopération décentralisée quant à elle est plus avancée, et nécessite des échanges construits entre institutions.

  • Les Réseaux

Grenoble est investie dans de très nombreux réseaux européens et internationaux, dont

celui des Capitales Vertes européennes, et a développé son propre réseau de villes en

transition. Ces réseaux sont des espaces d’échanges et de formations qui permettent de développer des stratégies de plaidoyer et valoriser l’action du territoire en attirant des opportunités de financements ou de partenariats. On peut citer le réseau Cités Gouvernement Locaux Unis, ou encore l’Observatoire International de la Démocratie Participative (OIDP).

  • Animation du territoire sur l’Europe et l’international

La Ville de Grenoble investit son territoire avec sa Maison de l’international, lieu de rencontre et de découverte, et ses labels Europe direct Isère Savoie, American corner, et OFAJ.

Elle développe par ailleurs des projets événementiels à part entière, comme les Saisons culturelles étrangères. Elle réalise également des projets d’Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité internationale à destination de la Jeunesse.

  • Partenariat avec les associations européennes et de solidarité internationale

La Ville de Grenoble soutient les associations internationales de son territoire, par des

dispositifs de subventionnement de projets à Grenoble et à l’étranger. En cas d’urgence humanitaire, elle soutient des associations et ONG, et peut contribuer au FACECO du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

  • Mobilités européennes et internationales

La Ville de Grenoble encourage la rencontre tout en mesurant l’empreinte carbone liée à ces mobilités. On peut citer la Convention avec l’Institut français, des subventions et aides

logistiques aux échanges scolaires, le volontariat et les services civiques, et le fonds initiative jeunesse.

En conclusion, Grenoble est plus animée par la logique de réseaux et d’ouverture que par les jumelages, bien qu’elle puisse entretenir des liens privilégiés avec certaines de ses villes jumelles (Oxford, Essen…). Cette vision est une force qui rayonne à l’international, notamment pour sa nomination “Capitale verte européenne 2022” et ses valeurs de défense des droits humains.

 

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