Lors du conseil municipal du 14 juin, l’adjoint aux finances Hakim SABRI a présenté le compte administratif de 2020. L’occasion de faire le point sur ce document et les traits majeurs de cet exercice particulièrement impacté par la crise sanitaire.
Qu’est-ce que le compte administratif ?
Le compte administratif est un document comptable obligatoire pour toutes les collectivités qui rend compte de toutes les dépenses et recettes qui se sont produites sur l’année précédente. C’est à la fois un état des opérations comptables entre le 1er janvier et le 31 décembre, et une photographie de la santé financière de la Ville à la fin de l’année civile.
Il est structuré en deux parties, le fonctionnement et l’investissement, qui présentent chacune les recettes et les dépenses. Tandis que la première présente les dépenses liées au fonctionnement habituel de la Ville au cours de l’année, la seconde présente les dépenses liées à des projets de plus long terme, qui visent à améliorer les conditions de vie des agent-es et des Grenoblois-es de tous âges dans les années à venir.
À cette occasion, le compte de gestion du Trésorier de la collectivité, qui supervise les comptes et les opérations comptables, est également présenté. Ce compte de gestion correspond strictement au compte administratif.
Quelles sont les données principales à retenir pour 2020 ?
Les dépenses de fonctionnement de la Ville s’élèvent cette année à 232,1 millions d’euros, tandis que les recettes s’élèvent à 258,2 millions. Cela traduit le fonctionnement inhabituel de la Ville, qui a été lourdement impacté par la crise sanitaire. Du point de vue des investissements, les chiffres demeurent stables, autour de 67,6 millions d’euro, preuve que la Ville n’est pas restée attentiste dans ce moment troublé et a su maintenir le cap des transitions.
La dette de la Ville pour sa part reste stable. Si nous n’avons pas pu réduire l’endettement de la Ville lors de cette année, nous sommes parvenus à maintenir un équilibre financier qui ne mette pas en péril les actions de la commune à long terme. En effet, la dette n’a pas explosé, et les capacités de désendettement de la Ville s’élèvent désormais à 12 ans, un horizon réaliste et acceptable.
Quel a été l’impact de la crise sanitaire ?
La crise sanitaire a créé des dépenses inattendues, pour maintenir un service public de qualité tout en assurant la sécurité des agent-es, mais elle a aussi et surtout généré un manque à gagner sur les produits des services et du domaine. Si certaines fermetures imposées ont permis de réduire les coûts, cela est largement insuffisant pour compenser les pertes du point de vue de la billetterie. De même, certaines mesures telles que la gratuité du stationnement pendant le premier confinement ont eu un impact sur les recettes de la Ville, pour une perte totale de 7 millions d’euros.
Dans l’ensemble, le coût de la crise sanitaire s’établit pour 2020 à 5 millions d’euros. À titre de comparaison, c’est l’équivalent de la rénovation complète d’une école. Sur ce point, l’Etat n’a pas été à la hauteur, et son intervention est bien inférieure aux besoins des collectivités. La principale proposition a été de financer le déficit par l’emprunt, ainsi que de financer un certain nombre de projets dont la validation est incertaine et le financement prévu pour 2021 ou après.
À l’inverse, la Ville a compensé le déficit du CCAS. Les services du CCAS, d’ordre social et sanitaire, ont par nature été en première ligne dans la gestion de la crise, auprès des aîné-es et des plus précaires notamment. Le CCAS a donc fait face à une hausse des dépenses et à une baisse des recettes, tout comme la Ville, qui a entrainé un déficit de plus de 900 000 euros. La Ville a pris à sa charge ce déficit en versant une subvention exceptionnelle au CCAS, pour lui permettre de poursuivre son action.
Quelles ont été les priorités pour la Ville pendant cette pandémie ?
La Ville, comme toustes les Grenoblois-es, a d’abord dû s’adapter aux confinements et aux mesures sanitaires dictées par le gouvernement. Dans ce contexte périlleux, la première des priorités a été de procéder à l’adaptation du service public pour en garantir la continuité aux Grenoblois-es. Pour cela, il a fallu investir pour fournir aux agent-es des outils de travail adaptés, réorganiser le fonctionnement des services et offrir des équipements de protection à toutes et tous, agent-es de la collectivité et personnes les plus fragiles en premier lieu, habitant-es de tous les quartiers dans un second temps.
La solidarité et l’attention aux plus précaires ont été le trait d’union des deux mandats qui se sont enchainés en 2020. Dans le contexte de la crise sanitaire, la Ville s’est adaptée pour organiser la solidarité, soutenir les acteurs associatifs et culturels, assurer la sécurité des usager-es et des agent-es du service public sur l’ensemble du territoire. Par la mise en place de la plateforme Voisins Voisines, par la distribution gratuite de masques, par un travail conjoint avec les citoyen-nes, la Ville a joué son rôle de protection de toutes et tous dans la lignée des traditions de solidarité et de coopération qui habitent Grenoble.
2020 a-t-elle provoqué une pause dans les investissements ?
Le service public ne s’arrête jamais ! Malgré les incertitudes, la Ville a continué à investir pour améliorer la vie des Grenoblois-es à long terme. Ainsi, sur 44 millions d’euros d’investissement – hors dépenses liées à la dette –, 2 millions ont été consacrés à l’amélioration de la qualité des espaces publics, 4,8 millions au logement, et plus de 6 millions au plan école. Au-delà de la crise qui a bouleversé les collectivités comme l’ensemble de la société, la pression du changement climatique et l’adaptation de la ville à celui-ci demeure, maintenant une exigence toujours plus forte pour une ville résiliente, douce à vivre en toute saison, accueillante et solidaire.