Les jeunes d’aujourd’hui grandissent et vivent dans un monde bouleversé : ils voient le climat se dégrader, la biodiversité s’effondrer, nos ressources s’amenuiser, les perspectives d’avenir se troubler… Ils savent que leur avenir est fait de défis climatiques et sociaux. Dans ce contexte, le Conseil Municipal de Grenoble vote aujourd’hui le Projet jeunesse 2022 – 2027 dont les priorités sont l’accès aux droits, l’émancipation et la transversalité d’actions.
Des jeunes fragilisé-es par la crise sanitaire
À Grenoble, la part des moins de 30 ans représente 45% de la population, 10 points au-dessus de la moyenne nationale, et 1/3 des habitantes et des habitants ont entre 15 et 29 ans. Le caractère universitaire de la ville – 25 000 étudiantes et étudiants et 60 000 dans l’agglomération – lui donne du souffle, irrigue sa vitalité et renforce son ouverture, à l’international notamment.
Récemment, la crise sanitaire a exacerbé une précarité déjà rampante et porté au regard de toutes et tous, une réalité ancienne : anxiété et mal-être, études bousculées, difficultés d’insertion professionnelles et départ différé du foyer parental. Les jeunes ont été frappés d’autant plus fortement qu’ils sont dépendants des solidarités familiales jusqu’à 25 ans puisque le RSA n’est toujours pas accessible avant cet âge. A Grenoble, le taux de pauvreté des jeunes est de 29%. C’est 6 points au-dessus de la moyenne nationale.
Les confinements successifs ont eu des effets durables sur le décrochage et la santé mentale des jeunes. Au terme de trois semestres en enseignement à distance, 38% des étudiantes et des étudiants de l’Université Grenoble Alpes disaient souffrir de troubles psychologiques. 42% des adolescents et adolescentes sont concernés par des symptômes dépressifs. En 2021, les admissions aux urgences pour gestes suicidaires ont augmenté de 40% chez les jeunes filles, par rapport aux 3 années précédentes. Les causes sont multiples, mais notamment en raison du cyber-harcèlement sexiste en hausse depuis la pandémie, les injonctions liées au corps notamment, l’obsession de l’image sont plus marquées pour les femmes.
Dans ces conditions, défendre ses droits et faciliter l’accès à ces droits sont les priorités de notre projet pour les jeune. C’est même une condition sine qua non de la cohésion sociale.
Une coordination de tous les acteurs du territoire, au service des jeunes
À défaut d’une politique nationale structurée et lisible, à défaut d’un plan régional pour la jeunesse, l’engagement de la Ville, s’il ne résout pas tout, produit des effets observables. Nous devons poursuivre nos actions pour permettre à chaque jeune, puis à chaque adulte, de devenir un citoyen ou une citoyenne éclairé-e.
Le projet jeunesse 2022-2027 pose les axes de travail défendus par la Ville et son CCAS (Centre Communal d’Action Sociale), afin de tenter de répondre aux enjeux autour des jeunes et propose également un recensement (non exhaustif) des actions en l’espèce.
La Ville se veut ici un « assemblier », une coordination des institutions compétentes et actives dans le domaine de la jeunesse. Ainsi, ce projet vise à structurer l’ensemble des interventions portées auprès des jeunes. Il s’est notamment nourri des échanges menés depuis dix-huit mois avec l’ensemble des acteurs de notre territoire œuvrant pour la jeunesse.
Nous défendons ainsi l’idée d’une communauté éducative active et organisée pour les jeunes, où ces derniers ont toute leur place pour s’exprimer, participer et contribuer à un parcours au sein de la Cité. A l’heure du Service National Universel, qui puise son référentiel et son imaginaire dans l’ordre et la discipline militaire, nous croyons bien plus à l’émancipation et au dialogue. Nous ne pouvons qu’accompagner les jeunes à sortir du rang, pour inventer un futur désirable.
Acteurs éducatifs, Ville, associations jeunesse et d’éducation populaire, Éducation Nationale, Universités, Mission locale … devront donc s’associer afin de répondre aux défis de cohérence et d’accompagnement des jeunes sur notre territoire.
Les 3 axes du projet jeunesse
La lutte contre les inégalités sociales est au cœur de ce projet jeunesse, qui tient également compte de la complexité du contexte environnemental, économique et social. Il est structuré autour de trois axes de travail.
D’abord, favoriser l’autonomie et l’accès aux droits des jeunes, en les soutenant dans les démarches administratives, en créant des espaces d’écoute et de paroles et bien sûr en luttant contre la précarité, les ruptures et l’isolement. Aujourd’hui des accueils municipaux sont déjà en place dans plusieurs quartiers de Grenoble, dans des lieux spécialement dédiés à la jeunesse comme la Chaufferie ou le Transfo.
Deuxième axe de ce projet : soutenir l’émancipation et la mise en pouvoir des jeunes. La jeunesse est par essence le temps de l’expérimentation. Ainsi notre rôle est aussi de veiller à leur offrir un cadre qui leur permettent de découvrir, de rencontrer et de forger leur esprit critique, de dépasser l’entre-soi pour devenir des citoyens et citoyennes éclairés et sensible à l’intérêt général. En 2021 nous avions déjà mis en place, par exemple, Destination Vacances, une aide au départ en vacances en autonomie. 20 à 30 volontaires en service civique par an sont aussi accueillis pour des missions de 6 à 7 mois dans les services de la ville, du CCAS et des associations partenaires.
Troisième dernier axe de ce projet : améliorer la transversalité et la coordination des acteurs, pour une action plus cohérente et plus agissante. Un projet jeunesse n’a d’intérêt que dans une approche transversale qui, à tout le moins, rassemble et donne à voir l’engagement de chacune des directions au service d’un public commun La cellule de veille Jeunes Majeurs en est un bon exemple. Ce dispositif permet principalement la coordination d’acteurs pour favoriser l’accès aux droits des jeunes en rupture. Nous nous attacherons donc à améliorer l’articulation avec nos partenaires associatifs ou institutionnels mais aussi à permettre l’émergence de nouveaux acteurs et actrices.
Ce Projet jeunesse 2022-2027 est le prolongement naturel du projet éducatif 2022-2027 et sous-tend l’ensemble des projets contractuels de la Ville et du CCAS comme la Convention Territoriale Globale avec la Caisse d’Allocation Familiale de l’Isère, ou le Contrat Territoire Jeunesse avec le Département de l’Isère.
Déroulé tout au long des cinq années à venir, ce projet donnera lieu à la mise en place d’actions co-construites avec l’ensemble des partenaires, au premier rang desquels les jeunes et ceux qui les entourent.
Plus d’informations sur les démarches et ressources mises à disposition des jeunes sur jeunes-grenoble.fr.