Pendant le mois de novembre, Grenoble a organisé son Mois de l’Accessibilité. Dans le cadre de cette mise en avant des politiques publiques en faveur d’une ville pour toutes et tous, nous échangeons avec Luis Beltran-Lopez, conseiller municipal délégué à l’Handicap et à l’Accessibilité.
Qu’est-ce que le Mois de l’Accessibilité ?
Le Mois de l’Accessibilité est un événement organisé chaque année depuis 16 ans par Grenoble pour sensibiliser la population aux questions d’accessibilité et d’inclusion des personnes en situation de handicap. Cet événement s’étale sur tout le mois de novembre et propose diverses activités et rencontres autour de thèmes en lien avec les handicaps. L’édition 2024, en écho aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris, est tournée sur la thématique des Jeux et du Handicap.
Pendant ce mois de novembre, plusieurs associations, institutions et acteurs locaux se mobilisent pour proposer des ateliers, des conférences, des expositions, et des animations afin de promouvoir l’accessibilité dans différents domaines, notamment sportif. Vous retrouvez des activités sportives, handisportives et adaptées (comme le match de hockey en fauteuil roulant du 23 novembre 2024 au gymnase Jean-Philippe Motte), mais aussi des activités ludiques et artistiques notamment avec des expositions et des découvertes de jeux de société.
L’objectif est de faire du lien et de permettre à tous-tes de mieux comprendre les enjeux et les défis quotidiens que rencontrent les personnes en situation de handicap, qu’il s’agisse d’accessibilité physique (rampe d’accès, signalétique adaptée) ou de communication (accessibilité numérique, langue des signes, etc.).
Le Mois de l’Accessibilité permet aussi de faire le point sur les actions locales en faveur de l’inclusion, d’impliquer les habitant-es dans cette réflexion et d’encourager les initiatives pour rendre la ville de Grenoble plus accessible à tous-tes.
Quelles sont les actions concrètes de la ville de Grenoble en termes d’accessibilité ?
Grenoble prend à cœur les enjeux d’accessibilité pour toutes et tous. Nous sommes une des villes les plus accessibles avec un certain nombre d’infrastructures publiques aménagées. C’est une transformation longue que nous faisons consciencieusement afin de s’assurer que les bâtiments publics conformes le soit pour tout type de handicap.
Durant ce Mois de l’Accessibilité sur les Jeux et le Handicap, nous sommes fier-es de mettre en lumière nos réalisations : les piscines sont toutes accessibles et permettent à tout le monde de pratiquer une activité physique et de profiter de ces havres de fraîcheur durant l’été. Les bibliothèques, les Maisons des habitant-es et les théâtres sont quasiment tous-tes aménagé-es, permettant un accès à la culture sans discriminations.
Au-delà des structures propres à la mairie, nous sommes aussi très actifs dans l’aménagement du reste de la ville. Au travers de la Commission grenobloise d’accessibilité nous rencontrons les associations et acteurs privés de Grenoble pour les accompagner dans le développement d’infrastructures et de comportements adaptés pour toutes et tous. Enfin, au travers du plan municipal de santé, nous avons à cœur de prendre soin de tous les Grenoblois et Grenobloises en incluant les personnes en situation de handicap. Pour cela nous travaillons à favoriser le dépistage précoce de pathologies, handicaps et troubles de développement des enfants, à garantir l’accueil et l’intégration de tous les enfants des les structures d’accueil collectif et à l’école grâce à plusieurs dispositifs dont le Projet d’Accueil Individualisé.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez pour rendre les infrastructures sportives entièrement accessibles à Grenoble ? Comment la ville prévoit-elle de les surmonter ?
Les défis sont nombreux, on ne va pas se mentir. D’abord d’un point de vue patrimonial, la diversité architecturale exige d’étudier au cas par cas les aménagements, certaines fois allant jusqu’à prendre de grandes précautions sanitaires: beaucoup de bâtiments contiennent de l’amiante et rendent complexe des travaux.
Par ailleurs, les interventions nécessitent une grande anticipation car elles ont souvent lieu sur des sites occupés (on ne peut pas fermer une école pendant plusieurs jours pour aménager l’espace). Pour éviter de perturber les fonctionnements des bâtiments, nous étudions d’abord les usages et proposons des adaptations d’activités pour mettre en accessibilité de manière sobre et conforme aux réglementations.
Les projets d’accessibilité sont aussi longuement étudiés pour s’insérer dans une cohérence territoriale globale. Les travaux doivent donc être réfléchis dans le fonctionnement des bâtiments, l’agencement des rues, du mobilier urbain et de la végétation, par exemple. À cela peut s’ajouter les longs délais d’instruction des autorisations de travaux, notamment pour les Bâtiments de France, qui sont aussi un défi à relever pour la Ville.
Enfin, le défi est aussi financier. Avec encore 163 établissements à mettre en accessibilité, nous avons un financement qui s’élève à plus de 20 millions d’euros. Nous avançons progressivement dans le cadre de notre plan pluriannuel d’investissement. C’est un travail dans la durée, qui prend du temps; surtout dans une période comme celle-ci où les budgets des collectivités sont en danger avec les mesures annoncées par le Premier ministre.
Toutes ces limites ne nous empêchent pas néanmoins d’avancer tous les jours pour démocratiser l’accessibilité aux bâtiments publics de Grenoble.
Comment la ville mesure-t-elle l’impact des actions entreprises pour l’accessibilité ? Des retours des citoyens sont-ils pris en compte pour ajuster ces mesures ?
Nous n’avons pas encore mené d’étude d’impact et d’enquête de satisfaction vis-à-vis des politiques d’accessibilité menées, pour la simple et bonne raison que le plan d’adaptation n’est pas encore terminé. Nous en sommes à 50% de réalisation du plan ADAP et continuons de mailler le territoire d’infrastructures accessibles au plus grand nombre. Nous étudierons officiellement l’impact quand nous aurons mené à terme ce plan.
Mais nous pouvons d’ores-et-déjà en étudier l’impact et l’opinion des Grenoblois-es de manière indirecte. En effet, sur les évènements, comme la journée handisportive, l’affluence des citoyennes et citoyens nous donne un aperçu relativement clair sur l’intérêt que suscite nos projets évènementiels. Aux chiffres quantitatifs s’ajoute la présence systématique des élu-es de la majorité à ces activités qui permet de discuter et d’échanger sur la politique d’accessibilité de la Ville. Ces retours sont informels mais offrent souvent un regard honnête sur l’effectivité de nos politiques en cours. Lors de ce Mois de l’Accessibilité nous avons aussi pu récolter la parole des Grenoblois-es en situation de handicap à travers une table-ronde sur l’handiphobie; le public ayant prit à cœur de témoigner de leurs quotidien dans la ville, il remerciait la Municipalité pour les politiques publiques que nous menons. C’est une assez bonne mesure d’impact.