Au conseil municipal du 13 mai 2024, le groupe Grenoble en Commun a proposé un vœu pour l’organisation de la COP 29 dans un territoire respectant les droits humains et un engagement international en faveur de la libération des prisonnières et prisonniers politique en Azerbaïdjan, adopté à l’unanimité.
En septembre 2023, l’Azerbaïdjan déclenchait de manière unilatérale un conflit armé contre la région du Haut-Karabagh. Ce conflit éclair a conduit à la fuite vers l’Arménie de la quasi totalité
des 120 000 personnes vivant dans la région. Il s’inscrit sur le temps long : l’Azerbaïdjan et l’Arménie s’étant déjà affrontés à deux reprises, de 1988 à 1994, puis en 2020, sur ce territoire.
C’est dans ce contexte que, suite à une série d’actions unilatérales dommageables pour la relation entre la France et l’Azerbaïdjan, Paris rappelait le 16 avril 2024 son ambassadrice à Bakou pour consultation. Dans son communiqué, le quai d’Orsay rappelait son soutien « à la normalisation des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, dans le respect du droit international et de l’intégrité territoriale des deux pays ». Il rappelait par ailleurs que « cette normalisation bénéficiera aux deux pays et à l’ensemble de la région ».
Grenoble, terre d’accueil de la diaspora arménienne est engagée dans la région à travers son jumelage avec Sevan, elle-même terre d’accueil d’une partie des réfugié-es du Haut-Karabagh. A ce titre, à travers nos relations institutionnelles et un soutien financier notamment dans le secteur de la santé, l’action de Grenoble a un impact direct sur l’accueil de cette population réfugiée. Le 11 décembre 2023, l’annonce par les participants à la COP 28 d’avaliser la candidature de l’Azerbaïdjan comme pays d’accueil de la COP 29 en novembre 2024 révèle combien la « diplomatie du caviar » est puissante. En effet, Bakou utilise toute une stratégie de lobbying, à grands coups d’invitations et de cadeaux coûteux, notamment auprès des député-es européennes et des employé-es d’organisations internationales.
Une enquête du Monde, en 2017, définissait ce type de lobbying, propre à l’Azerbaïdjan, comme un système de corruption subtil. De ce fait, l’organisation de la COP 29 à Bakou n’est pas acceptable quand la population arménienne du Haut-Karabagh a été contrainte de quitter ses terres, sans aucune garantie pour sa sécurité ; que ses monuments culturels, religieux sont détruits ; que les noms des villes sont changés afin d’effacer toute trace de la présence arménienne au Haut-Karabagh. Soutenir la tenue de cette COP en Azerbaïdjan équivaut à assumer le silence de l‘Union Européenne et de la Présidente de la Commission, Ursula Van Der Leyen, qui dans son discours sur l’État de l’Union, n’a jamais mentionné la situation de l’Arménie, alors qu’elle a dessiné des perspectives de rapprochement avec la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine. L’Arménie, 109 ans après le génocide, continue à subir un génocide long, dans l’indifférence internationale.
Aussi, par ce vœu, le conseil municipal de la Ville de Grenoble :
– demande à l’ONU, organisatrice des Conférences des Parties (COP), d’agir pour permettre l’organisation de la COP 29 et des suivantes dans des territoires s’inscrivant dans le respect des droits humains, des minorités, et de la démocratie ;
– appelle le Gouvernement français, l’Union européenne et l’ONU à se mobiliser pour permettre la libération des prisonniers politiques en Azerbaïdjan et à trouver une solution de paix durable dans la région ;
– appelle l’Union Européenne, ses député-es et sa Présidence à mobiliser des crédits spécifiques, comme elle le fait pour l’Ukraine, pour aider au développement de l’Arménie, à sa protection et à son rapprochement effectif avec l’Union Européenne ;
-demande au Gouvernement d’augmenter les sommes allouées aux collectivités locales en destination des coopérations décentralisées notamment avec l’Arménie